Le Château

Au commencement était un lieu-dit, Beaudette, à Artigues près Bordeaux. Un petit hameau existait. Sur cet emplacement, le sieur Lawton, Abraham de son prénom, fit bâtir en 1760 une chartreuse, c’est-à-dire un corps de ferme solide mais sans grâce particulière. Celui-ci sur trois niveaux était flanqué, à ses débuts, de deux retours en rez-de-chaussée. La propriété, bien que d’agrément, avait une fonction agricole pour subvenir aux besoins des occupants. Puis il y eut la Révolution et l’Empire. Dans les années 1820, une femme, Désirée-Adélaïde Huet, acquit le domaine qui comprenait à l’origine 25 ha. Il peut sembler surprenant qu’une femme seule se porte acquéreur d’une propriété agricole mais il faut se rappeler que l’on est au lendemain des guerres napoléoniennes et que la grande faucheuse y fut à l’œuvre. Ainsi, faute d’hommes, les femmes prirent les commandes de l’économie.

En 1836, Désirée épousa le dénommé Lafleur, avocat au parlement de Bordeaux. Celui-ci mourut assez vite laissant une Désirée veuve, sans enfants. De chagrin elle renomma la bâtisse Lafleur en l’honneur de son défunt mari. Vicissitudes de la vie, la propriété changea plusieurs fois de mains avant que les Despujols en fassent l’acquisition dans les années 1880. C’est à eux que l’on doit la transformation de la chartreuse en château par l’adjonction d’une tour et l’ajout d’une aile sans aucun lien avec l’architecture d’origine. C’est d’ailleurs cette juxtaposition des styles qui fait aujourd’hui la saveur de la propriété. En 1990 celle-ci était en déshérence, promise à une démolition probable, les toits de communs prenaient l’eau, une grange avait brûlé, l’intérieur était rongé par l’humidité, les anciens décors n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils avaient été. C’est alors que Danièle et Henri Colombani la découvrent par hasard en l’état de quasi abandon.

Qu’à cela ne tienne, la tâche ne leur fait pas peur, ils font l’acquisition de la propriété et se retroussent les manches après avoir décidé de quitter le Canada, après de nombreuses années fructueuses. Les enfants suivront et participeront activement à la rénovation.

Avec l’aide d’ouvriers québécois, en quelques semaines, ils rénovent intégralement la bâtisse principale ne conservant que les murs, les planchers et la toiture et réalisent une demeure moderne à l’intérieur du château. Les communs prendront plus de temps. En quelques années, le château La Fleur avait retrouvé partie de son lustre. En 2020, peu avant son décès après une longue maladie, consciente du travail effectué, Aya demandait à son mari de ne pas laisser disparaitre son œuvre et de transformer le château en Maison d’hôtes.

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